Bonus // Jacques TATI, l'architecture et l''urbanisme
L'on pourrait faire un glossaire entier rien qu'avec les films de Jacques Tati.
On dit qu'Il était obsédé par le discours de la ville
On y retrouve dans ses films la monotonie de la modernité. Les cages de verre et son univers affolant de transparence et de reflets sont le décor de Playtime. Sensation de prison, mais où l'on peut tout voir. «Nous appartenons à une civilisation qui éprouve le besoin de se mettre en vitrines», notait Jacques Tati. À droite, c'est toute la vie urbaine, colorée, bruyante, embouteillée, automatisée, plastifiée, high-tech, dont Tati s'est fait le burlesque designer visuel et sonore dans Mon oncle ou dans Trafic (qu'il faudrait rééditer).
Le film fait état du gigantisme architectural à l'américain et sa grissale géométriue. Il tente de forcer les faiseurs de la ville à humanier le progrès. C'est redonner à l'homme la place qui lui appartient dans la cité. « Quand il y a une panne, on va chercher un monsieur avec un tournevis. Et c'est ce monsieur avec son petit tournevis que je viens défendre dans ce film. Mon métier n'est pas d'être critique en architecture. Je suis là pour essayer de défendre l'individu et la personnalité, qu'on respecte les gens [...]. Dans Playtime, je défends les petits personnages. » (Dossier de presse.)
« Que signifient la réussite, le confort, le progrès, si personne ne connaît plus personne, si l'on enlève des immeubles faits à la main pour les remplacer par du béton, si l'on déjeune dans des vitrines au lieu de se retrouver dans de petits restaurants où l'on a envie de parler, si l'épicerie ressemble à la pharmacie ? » (Le Monde, 24 avril 1958.)
Dans sa série de "Mon Oncle", Tati laisse le spectaeur comparer les villages, les maisons anciennes avec les Villa moderne, où règne le plastique, le métal et la grisaille. Mirifique architecture de la maison Arpel de Mon oncle
Éloge de l'électroménager et de ses Salons où l'on allait s'extasier devant les réfrigérateurs et les machines à laver, dans les années 1960. Ce qui apparait dans le film comme un "inconfort dernier cri" s'ajoute à un défilé constant de voitures, dont les formes restent identiques.
« Tativille » est née des nombreuses observations du monde par le cinéaste. Soulignez-en les influences architecturales et picturales.



